Wednesday, November 19, 2008

SECURITE DE LA PERSONNE HUMAINE EN AFRIQUE : CONCEPTIONS DE LA JEUNESSE.

AVERTISSEMENT

Ce sujet était le thème du concours africain de dissertation organisé par la bibliothèque Président Obasaju au Nigéria en 2008. Malheureusement, je n’ai eu pas la chance de le soumettre. J'avais terminé de le rédiger mais j'ai essayé de l'envoyer le jour de la date limite mais l'adresse email à la quelle je devais l'envoyer ne fonctionnais pas: peut être il a été supprimé le jour même de la date limite. Ce m'a beaucoup choqué vu l'effort et le temps que j'ai déployé pour faire ce travail. Pour le partager avec les autres, j'ai décidé de le partager en le publiant.




ABSTRACT :

La sécurité de la personne humaine peut être analysée à travers d'une part, sa sécurité physique (la protection de l'individu contre tout ce qui peut porter atteinte à son intégrité physique) et, d'autre part, à travers sa sécurité matérielle (mettre l'individu dans des conditions qui le permet de vivre dignement).
Ainsi sa garantie peut participer à l'émergence et au rayonnement du continent africain. Cependant, la sécurité humaine n' y est pas effectivement garantie. L'Afrique est frappée par des fléaux et des comportement qui mettent en danger cette sécurité..
Des mécanismes visant une meilleure protection de la sécurité humaine sont donc nécessaires.


Introduction


« Tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne ». Cette première phrase de l'article 6 de la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples entrée en vigueur depuis 1986, montre la volonté des Etats de mettre l'accent sur l'individu. En tant qu'être humain, la personne a des droits fondamentaux qui doivent être respectés et protégés. Parmi ces droits, sa sécurité apparaît comme primordiale.
Traditionnellement, la notion de « sécurité » était assimilée à celle de « défense », donc axée sur l'Etat en terme de protection contre toute menace extérieure. La notion de « sécurité humaine » est nouvelle. Son apparition coïncide avec la fin de la guerre froide, la prise en compte de l'individu par le droit international et l'apparition de nouvelles menaces communes à l'Humanité. Ainsi on est passé d'une notion de « sécurité » axée sur l'Etat à celle qui met en avant l'individu, comme en témoigne le rapport du Programme des Nations Unis pour le Développement (PNUD) publié en 1994, en marge de la préparation du cinquantième anniversaire de l'Organisation des Nations Unies (ONU).
Cependant la définition de la notion et son champ d'application ne font pas l'objet d'unanimité au sein des différents acteurs. Tantôt elle est confondue à la notion de « développement humain ». Tantôt elle est élargie à tous les domaines, ce qui peut lui ôter son sens. D'ailleurs le travail de définition avait été demandé par les Chefs d'Etat et de Gouvernement lors du sommet mondial de l'ONU en 2005. Et il a fait l'objet de débat pour la première fois lors de l'Assemblée générale de l'ONU du 22 mai 2008. Mais le débat reste toujours ouvert. Ainsi, nous pouvons tenter de définir cette notion comme étant la réponse à un ensemble de facteurs qui constitue une menace pour l'individu.
Donc l'étude de ce sujet est d'une importance capitale. Sur le plan théorique, elle nous permet de poser le débat sur le concept de « sécurité de la personne humaine » appliqué à un cadre géographique bien déterminé (l'Afrique). Sur le plan pratique, elle permet à la jeunesse africaine de contribuer à une meilleure élaboration des politiques de protection de la sécurité humaine. Car depuis le sommet de Syrte (Libye) de 2000, l'Union Africaine (UA) a pris en compte la sécurité humaine dans sa politique africaine de sécurité.
Ainsi on peut se demander quelles conceptions la jeunesse doit elle avoir de la sécurité de la personne humaine en Afrique pour le développement du continent?
Pour répondre à cette interrogation, il convient de voir d'une part, que la sécurité de la personne humaine en Afrique exige une conception large (I) et d'autre part, que sa protection est un moyen indispensable pour le développement du continent (II).


I- La sécurité de la personne humaine, un concept au contenu large :


Lors du lancement solennel du Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA qui a eu lieu le 25 mai 2004, à Addis Abéba (Ethiopie), les Chefs d'Etats et de gouvernement ont adopté une déclaration dans laquelle ils reconnaissent que « les fondements de la paix et de la sécurité en Afrique sont intimement liés au concept de sécurité humaine ». Et réaffirment leur « engagement à promouvoir une vision globale de la sécurité humaine ». Ainsi les différents éléments de la sécurité humaine sont nombreux. Cependant, on peux essayer de les regrouper en étudiant d'une part la sécurité physique des individus (A). Et d'autre part leur sécurité matérielle(B).


A- La sécurité physique des personnes :

L'Afrique est le continent le plus ravagé par les conflits. En effet, les guerres constituent une menace évidente pour la sécurité de la personne humaine. Car elles riment toujours avec la violence. Or, le concept de sécurité humaine met en avant la sécurité individuelle par la protection et la promotion de la vie des personnes. Et, « ces dernières décennies, la proportion des victimes civiles des conflits armés a augmenté de façon spectaculaire; elle dépasserait à présent les 90 % » selon le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF)1. En Afrique, les conflits ne sont pas encore entrés dans le passé. Jusqu'à présent, nous avons la présence de guerres civiles comme celle du Darfour (Province ouest du Soudan) où on a dénombré plus de deux cent milles morts civils selon un dossier réalisé par le journal français, L'Express2 intitulé « Darfour : Le malheur au long cours ». Ces guerres avec leurs conséquences désastreuses (abus sexuels, exploitations des enfants, etc.) constituent autant d'obstacles et de menaces pour la sécurité des individus surtout celle des jeunes et des femmes.
En outre, les conflits favorisent la pose de mines antipersonnel qui continuent de représenter des menaces, même après le conflit. Ces mines provoquent des blessures graves notamment l'amputation d'un ou de plusieurs membres du corps humain. Beaucoup de personnes en sont restées des handicapés à vie. Ce qui constitue un obstacle pour la reconstruction post conflit. Cela dit, depuis l'adoption du Plan d'action de Kempton Park (Afrique du Sud), l'UA s'active de plus en plus dans l'élimination des mines terrestres antipersonnel afin de faire du continent, « une zone exempte de mines antipersonnel »3

Le continent africain est aussi menacé par la prolifération des armes qui favorisent l'entretien et l'alimentation des conflits. Leur circulation illicite et leur vente à des coûts bas ou parfois leur échange contre des minéraux et autres produits ne contribuent point à assurer la sécurité de la personne humaine. D'où la portée du projet quinquennal de contrôle des armes légères (ECOSAP), lancé en juin 2006 par la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), avec l'appui du PNUD.

A un autre niveau, la sécurité physique des individus englobe aussi leur sécurité sanitaire. Celle-ci se définie comme un ensemble de procédures destiné à prévenir ou à contrôler les risques susceptibles d'altérer la santé individuelle ou collective. Cette sécurité est en effet menacée par les changements climatiques et la pollution dont l'Afrique n'est pas à l'abri. A côtés du paludisme qui est la principale cause de mortalité chez les moins de cinq ans en Afrique (20%) selon Roll Back Malaria, il y a le virus du Sida qui menace surtout la jeunesse, poumon du développement. Déjà en janvier 2000, le Conseil de sécurité de l'ONU avait indiqué que ce fléau tue en Afrique dix fois plus de personnes que la guerre. Et selon le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA), ce virus est en train de devenir le problème de sécurité numéro un pour les populations de l'Afrique subsaharienne. D'ailleurs, c'était la première fois que le Conseil de sécurité se réunissait pour débattre d'un problème de santé publique dans la perspective de la sécurité humaine. Ce qui donne au concept de « sécurité de la personne humaine » un nouveau contenu.

Ainsi, les individus doivent être protégés non seulement contre la guerre mais aussi contre tout ce qui peut constituer une menace pour leur vie en compromettant leur épanouissement. D'où la nécessité d'une sécurité matérielle.

B- La sécurité matérielle des personnes :
Si le concept de « sécurité de la personne humaine » met en avant la sécurité individuelle, il ne saurait exclure leur sécurité matérielle. Celle-ci peut être entendue comme étant un ensemble de mécanismes visant à assurer une meilleure condition de vie aux individus.
Ainsi, la sécurité matérielle englobe la sécurité économique. Elle passe tout d'abord par la possibilité pour les citoyens de trouver un emploi rémunéré qui leur permet de vivre dignement. Juridiquement le droit au travail est assuré par l'article 15 de la Charte Africain des Droits de l'Homme et des Peuples qui dispose que : « Toute personne a le droit de travailler dans des conditions équitables et satisfaisantes et de percevoir un salaire égal pour un travail égal ». Mais dans la pratique, le continent africain est loin de garantir ce droit. Car, l'Afrique détient un taux de chômage très élevé surtout dans la classe des jeunes (21 % des 15-24 ans, selon le Bureau International du Travail, BIT). Dans un article intitulé « OIT : l'incertitude économique pourrait entraîner 5 millions de chômeurs supplémentaires en 2008 », publié par le Centre d'actualité de l'ONU, le 24 janvier 2008 il y ressort que L'Afrique du Nord, détient l'un des taux de chômage les plus élevés (10,9%) derrière le Moyen Orient (11,9%). Quant à l'Afrique subsaharienne, elle « compte la plus forte proportion de travailleurs pauvres. Le BIT indique que plus de 8 travailleurs sur 10 y vivent en dessous du niveau de 2 dollars par jour ». Ce qui constitue sans doute, une menace pour la stabilité et la sécurité du continent. Car ces jeunes sans emplois souvent révoltés ou frustrés peuvent s'organiser en milices, en bandes criminelle ou même se lancer dans le trafic de drogue. D'ailleurs ce chômage des jeunes a été qualifié comme étant « une bombe à retardement » lors du sommet France/Afrique de Bamako en 2005. Il explique en grande partie l'émigration clandestine des jeunes vers l'Europe dans des conditions suicidaires. Ainsi le concept de sécurité humaine s'étend aussi au phénomène de l'émigration.

Par ailleurs, la sécurité économique a son corollaire qui est la sécurité alimentaire. Cette dernière, veut que les individus puissent se nourrir de manière suffisante et saine pour une croissance normale. Cela n'est possible que quand les pays approvisionnent suffisamment le marché en nourriture. Or, la majorité des pays africains n'ont pas atteint l'autosuffisance alimentaire. Ils sont dans une situation de dépendance vis-à-vis de l'Extérieur. C'est pourquoi avec la crise alimentaire mondiale, on assiste à une hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité qui ne facilite pas leur accès par les plus démunis. Ce qui constitue une vraie menace pour la sécurité humaine. D'ailleurs cette situation a causé les émeutes de la faim d'avril 2008, dans plusieurs capitales africaines (Dakar, Abidjan, Mogadiscio, Ouagadougou, etc.) où des manifestants ont été tués.
En somme, la notion de « sécurité de la personne humaine » est axée sur l'individu qui a fait son apparition progressive au plan international surtout dans le domaine des droits de l'Homme. Ses différentes composantes sont étroitement liées.

L'Afrique, berceau de l'humanité ne saurait ignorer la sécurité de la personne humaine pour son développement.



II- La sécurité de la personne, un aspect indispensable pour le développement du contient africain :

La notion de « sécurité de la personne humaine » a pris une importance considérable dans les relations internationales. Pour le Japon par exemple, la sécurité humaine est l'un des concepts phares de la coopération internationale. L'empire du Soleil Levant a fait de la sécurité humaine un domaine prioritaire de la Conférence Internationale de Tokyo sur le Développement de l'Afrique (TICAD). Ce qui signifie que la sécurité humaine a des implications sur le développement (A). Ainsi, il est important pour le continent africain de mettre en œuvre des politiques pour mieux la garantir (B).

A- Le lien entre la sécurité de la personne humaine et le développement:
Le développement n'est pas seulement l'abondance des richesses, mais tout un ensemble d'aspects qui favorise une meilleure condition de vie des populations. En effet le développement d'un pays dépend toujours des conditions de vie de ses citoyens. Quand on parle de condition de vie, on pense surtout au pouvoir d'achat, à l'accès aux services publics et aux infrastructures de base sans oublier la liberté. Et la notion de « sécurité de la personne humaine » intègre ces différents aspects de la vie des personnes qui contribuent à favoriser le développement humain et son épanouissement. Voilà pourquoi le concept de « sécurité humaine » a été considéré par certains comme étant l'équivalent du concept « développement humain ». Mais au-delà de ce développement humain, la sécurité humaine est un aspect essentiel pour le développement d'un Etat. C'est pourquoi, la pauvreté est considérée comme un facteur bloquant pour l'émergence de la sécurité humaine. Parmi les huit Objectifs du Millénaire pour le Développement, (réduire l'extrême pauvreté et la faim ; assurer l'éducation primaire pour tous ; promouvoir l'égalité et l'autonomisation des femmes ; réduire la mortalité infantile ; améliorer la santé maternelle ; combattre le VIH/Sida, le paludisme et d'autres maladies ; assurer un environnement durable ; mettre en place un partenariat mondial pour le développement) que les Etats membres de l'ONU sont convenus d'atteindre d'ici 2015, la plupart d'entre eux se rapporte directement à notre conception de la sécurité de la personne humaine qui est d'ailleurs un moyen incontournable pour les atteindre. En effet, il n'est plus à démontrer que les conflits armés ont un effet négatif sur la vie économique (voire sociale et culturelle). C'est ce qui explique le fait que les pays qui ont une bonne santé économique sont ceux où il y'a une certaine instabilité sociopolitique. Et parallèlement, les pays sous-développés sont ceux dont la population vit dans des conditions d'insécurité extrême. Or, le développement postule une élévation du niveau de vie et de culture des populations. Même si les pays développés sont aussi confrontés à des problèmes qui menacent la sécurité de la personne humaine (les problèmes environnementaux par exemple), les pays sous développés demeurent les plus menacés.
Ce constat justifie l'intégration du concept de la sécurité humaine par les pays développés dans leur politique d'aide au développement et de coopération avec les pays sous développés. Les projets « l'Initiative du Village Africain » (IVA), « Villages du Millénaire », développés par le gouvernement japonais au profit de l'Afrique en sont une illustration. Et les organisations internationales lui accordent de plus en plus une place importante. Au niveau de l'ONU, il y a le Fonds d'affectation spécial pour la sécurité humaine lancé en mars 1999 chargé de financer des activités relatives à la protection de la sécurité humaine. L'UA a lancé le Conseil de Paix et de Sécurité en 2004 qui a intégré la sécurité humaine en bonne place dans ses actions. Ainsi le Conseil serait plus efficace à gérer les problèmes liés à la sécurité humaine que les Etats. Car la mondialisation a accentué les risques de propagation des conflits régionaux, et des maladies infectieuses au-delà des frontières étatiques.
Donc, pour un développement durable du continent, une plus grande autonomisation des individus et des communautés locales est nécessaire. Celle-ci passe par la formation des populations à des activités génératrice de revenus. Ce qui va favoriser une croissance durable, une réduction de la pauvreté et une promotion de la paix.
Puisque donc la sécurité de la personne humaine est un aspect important pour le développement du continent, il est important que chaque enfant du continent surtout les jeunes de donner des propositions pour sa meilleure garantie.

B- Mécanismes de garantie de la sécurité humaine :
L'Etat est l'organe investi du droit de garantir la sécurité des personnes évoluant sur son territoire. Donc, pour une meilleure garantie de la sécurité humaine, il constitue un acteur incontournable. Ainsi, les Etats doivent avant tout promouvoir la primauté et le respect du Droit. Cela signifie qu'ils s'engagent dans la voie de la démocratie avec l'organisation d'élections libres et transparentes et du respect des droits et des libertés fondamentaux. Toutefois, il convient d'aller au-delà de cette « démocratie politique » pour promouvoir la « démocratie sociale » par l'institutionnalisation de la justice sociale dans les contrats fondateurs entre Etats et sociétés. Besoin en est aussi dans toutes les sphères de la vie sociale (universités, administrations, marché, entreprises, parti politiques, associations, etc.).
Il est à cet égard important de renforcer les normes juridiques visant à protéger les individus mais surtout durcir les sanctions de leur violation. Ce qui exige un bon fonctionnement de la justice : une justice indépendante, protectrice des droits et les libertés du citoyen. Et ces normes doivent être appliquées à tous les acteurs pour une meilleure efficacité. Par exemple, le viol et les abus sexuels dont sont victimes les mineurs et les enfants prospèrent à cause de la mollesse des sanctions qui ne sont pas souvent appliquées quand des responsables ou politiques ou religieux y sont impliqués.
Puisque la sécurité des individus est souvent plus menacée en temps de guerre, il est nécessaire que les Etats et les acteurs de la vie internationale mettent en place des mesures humanitaires (aide et assistance) visant à atténuer la souffrance des victimes et des réfugiés de guerre surtout les plus vulnérables (les femmes, les enfants, les personnes âgées, et les handicapés). Et, après le conflit – c'est-à-dire, la phase post conflit- la reconstruction doit être entamée. Celle-ci passe par la création d'infrastructures de base permettant aux populations d'accéder aux services publics. Elle exige pour sa pérennité, une réintégration socioprofessionnelle des combattants qui leur permettra d'être à l'abri de l'insécurité économique et de l'exclusion sociale. En outre, une opération de déminage et de désarmement est nécessaire pour assurer la sécurité des personnes. La mauvaise gestion de cette phase entraîne souvent le retour au conflit initial. C'est ici le lieu de lier sécurité humaine et sécurité collective car la gestion post-conflit a souvent souffert du manque d'engagement des acteurs internationaux, donateurs et institutions spécialisées de la sécurité collective. Les expériences de la Somalie (1993) et du Rwanda (1994) ont vu des donateurs se retirer très vite ou ne pas tenir leurs promesses de soutien à la consolidation de la paix post-conflit.

Cependant comme le dit l'adage, « mieux vaut prévenir que guérir », ainsi les Etats africains au sein de l'UA doivent surtout mener une politique de prévention des conflits. Et s'attaquer aux sources même de l'insécurité des personnes. Un diagnostic et une lutte contre les facteurs pouvant alimenter les conflits (la pauvreté, l'exploitation des richesses du peuple à son détriment...) sont alors nécessaires. Ce qui implique des actions de développement durable qui doivent associer tous les acteurs surtout les femmes et les jeunes. Ces derniers doivent aussi être représentés dans toutes les instances de décision et de négociation. A ce niveau, le rôle de la société civile se révèle être capital d'autant plus qu'elle a déjà fait ses preuves en plusieurs occasions dans la résolution des conflits. L'exemple du Réseau des Femmes du Fleuve MANO pour la Paix (qui ont beaucoup contribué à la promotion de la paix et du développement dans cette zone) en est une parfaite illustration

Cette prévention des conflits doit également passer par une formation citoyenne des populations, surtout les jeunes. Ainsi des programmes de paix axés sur la gestion non violente des conflits et intégrant le concept de la sécurité humaine doivent être enseignés dans les établissements secondaires et dans les universités. Ces programmes vont permettre aux élèves et étudiants de pratiquer la médiation par les pairs (connue dans les pays de l'Amérique du Nord sous le nom de « peer mediation » ou « peacebuilding ») mais aussi de susciter en eux un amour pour la paix, la citoyenneté, la démocratie et les droits de l'Homme.

Cette notion de « sécurité » ayant traditionnellement une coloration militaire, malgré donc son évolution, elle ne saurait ignorer l'armée : une transformation du secteur militaire est souhaitable. L'armée ne doit pas être simplement un instrument de force visant à protéger l'Etat ou à faire la guerre. Elle doit aussi être un instrument au service des populations en s'investissant dans des actions humanitaires et citoyennes. Le concept « armée- nation » développé au Sénégal depuis trois ans avec la création de corps paramilitaires – les volontaires civils de l'environnement et de la paix – est à ce titre un exemple à méditer pour sa meilleure application dans le continent africain et à d'autres secteurs.

Par ailleurs, dans les domaines sanitaire et environnemental, une politique concertée entre les différents pays de l'UA est indispensable. Celle-ci doit inscrire des actions de prévention et de lutte contre les épidémies et les problèmes d'environnement et les adapter aux réalités et pratiques socioculturelles de chaque pays. Ce qui implique une approche multidimensionnelle dans l'information et la sensibilisation, permettant de mieux relever les défis sanitaires et environnementaux devenus de plus en plus nombreux.

En somme, pour une meilleure garantie de la sécurité de la personne humaine, les Etats doivent mener une politique concertée pour plus d'efficacité et harmoniser leurs positions sur les grands problèmes qui constituent une menace pour cette sécurité.

Conclusion
La sécurité de la personne humaine est de nos jours, un élément qui suscite beaucoup d'intérêts au sein de la communauté internationale et des chercheurs. Certes ils n'ont pas une même perception de la notion mais ils s'accordent sur la nécessité de l'axer sur l'individu. Ce « désaccord » dans les acceptions est même rassurante en ce sens qu'il permet l'adaptation de ce mouvement conceptuel et idéologique global aux réalités spécifiques de chaque pays. D'ailleurs, il convient de signaler que la sécurité de la personne humaine est un défi pour tous les pays malgré leur niveau de développement inégal et leurs différences culturelles. Elle atteint ainsi une dimension universelle. Donc sa protection ne saurait être assurée efficacement par les Etats seulement. D'où une collaboration entre ces derniers regroupés dans le cadre des organisation internationales (UA, ONU,..), les acteurs locaux et les Organisation non gouvernementales (ONG) est nécessaire. En outre, les jeunes doivent s'impliquer. Ils doivent tout d'abord s'approprier le concept et s'engager fermement dans sa protection en étant de fervents défenseurs des droits et libertés fondamentaux. Seul cet engagement de la jeunesse peut permettre de « promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le contient » comme le souhaite bien l'UA à travers l'article 3 de son Acte Constitutif.
La protection de la sécurité de la personne apparaît donc, comme une passerelle pour le développement durable et le rayonnement du continent africain. N'est–il pas d'ailleurs un excellent moyen d'intégration entre les pays africains facilitant ainsi la réalisation des «Etats-Unis d'Afrique » tant rêvés par Kwame Nkrumah, le père du panafricanisme ?

Friday, November 14, 2008

UGB: VA-T-ON VERS UNE UCAD SAINT LOUISIENNE ?


Au Sénégal, étudier à l’Université Gaston Berger (UGB) n’est pas simplement une question de choix, mais c’est plus une question d’Excellence. « N’y vient pas qui veut » a-t-on l’habitude de dire. Cela se justifie par le fait cette jeune université qui va célébrer bientôt ses vingt ans (en 2010) «  n’es pas une université de formation de masse mais plutôt d’élites » selon son actuel Recteur, le Pr. Mary Teuw NIANE en marge de la présentation de son projet aux étudiants. Cette idée est expressément énoncée dans le texte portant organisation de l’UGB qui «  s’est résolument inscrite dans l’excellence en choisissant la sélection comme mode principal d’accès ». Ce qui fait qu’elle ne prenne qu’un nombre d’étudiants assez raisonnable qui sera « bien logé, bien nourri et bien formé ». D’ailleurs même dans la rue, quand vous dites que vous êtes étudiant à l’UGB, votre interlocuteur qui parfois n’a même pas fait les bancs vous répond spontanément « là bas c’est bien contrairement à Dakar ». Cela est tout a fait normal dans la mesure où c’est cette image de l’UGB qui a été véhiculée par nos aînés et qui était parfaitement vraie. L’UGB fut toujours le contraire de l’UCAD tant du point de vue des politiques pédagogiques que sociales.
Cependant, aujourd’hui les étudiants de cette université rencontrent d’énormes difficultés.


DES PROBLEMES SOCIAUX…..

Les étudiants sanarois depuis maintenant quatre ans (2004) rencontrent toute sorte de problèmes sociaux qu’ils connaissaient que de nom. C’est depuis cette date que le problème de logement à commencer à se poser. L’orientation et l’obtention de chambre allaient de pairs jadis. Mais maintenant, parfois, il y’a des étudiants qui passent trois ans sans avoir leur clefs en mains. Et cela se justifie par le simple fait qu’il y’a trop d’étudiants orientés, alors que rien n’est pas fait pour augmenter les villages universitaires. Pour une université qui compte 5000 étudiants, il n’y a que 3043 lits (2097 pour les garçons et 946 pour les filles). Donc les anciens sont obligés d’héberger les nouveaux dans des conditions parfois difficiles. L’Etat, comme il est de coutume, n’a pas respecté son engagement vis-à-vis des sanarois. Depuis 2005, il peine à achever le bloc B pavillon M. Il s’y ajoute le problème de l’eau.

Cependant, le plus grand malaise social, c’est le problème de restauration. En ce début d’année, l’UGB n’a qu’un restaurent qui fonctionne. Ce qui a pour conséquences, des rangs interminables. Pour manger il faut perdre deux heures de temps sans compter le manque de qualité et de quantité des repas. Manger est devenu un luxe qu’on paye par le temps. Cette situation est indescriptible. A voir les rangs, on a comme l’impression d’être au Darfour ou en Somalie !
Ainsi, l’Etudiant qui revient au resto épuisé, est dans l’incapacité de travailler sérieusement sur ses cours et faire ses exercices. Ce qui lui porte un grand préjudice.
C’est là où le social a lien avec le pédagogique.


…AUX PROBLEMES PEDAGOGIQUES

L’UGB a été toujours (elle la demeure) une université d’Excellence (taux de réussite satisfaisant, un succès incomparables dans les prestigieux concours nationaux, intégration de ses produits dans des écoles et des laboratoires de recherche prestigieux) qui fait rêver tout jeune lycéen. Son avènement fut une résurrection pour l’enseignement public supérieur.

Cependant, la détérioration des conditions sociales risque de tout chambouler. En outre, même dans les Unités de Recherches et de Formation (UFR), la qualité commencer à faire défaut. L’UGB à une carence de professeurs agrégés, de rang magistral habilités à dispenser des cours. C’est pourquoi la majorité des cours sont dispensée par des docteurs ou même des doctorants en violation des textes. La réforme Licence Master Doctorat (LMD traduit par d’autres par Leegi ma Dax La) entamée à l’UFR Lettres et Sciences Humaines (LSH) a causé beaucoup de préjudices aux étudiants. Elle a entraîné la fin de carrière pour beaucoup d’entre eux. Les masters Professionnels qui sont mis en place sont très intéressants mais ils sont « privatisés ».
La bibliothèque universitaire certes regorgeant beaucoup de documents n’a pas encore commencé à fonctionner. Or, les cours ont démarré depuis le 20 octobre. S’y ajoute le manque de places. Les travaux d’agrandissement sont toujours en cours. Une situation qui va sans doute se répercuter au niveau des premiers devoirs.

A côtés de cela, il y’a les mouvements sociaux. Les différents acteurs rivalisent dans les grèves. L’UGB est devenue très instable. Les enseignants, les enseignés, le personnel administratif, tous réclament quelque chose de l’Etat. « L’Université ne doit rien à personne » avait clamé haut et fort le Recteur lors de sa conférence de presse du 07 novembre dernier.

Tous ces problèmes ont été favorisés par ce qu’on peut appeler un complot fomenté contre l’UGB par les plus hautes autorités de l’Etat. « Les ennemis de l’UGB sont Macky Sall, Adjibou Soumaré (les deux derniers PM) et Sourang » accuse un étudiant lors de l’assemblée générale du 13 novembre. Une accusation pas du tout gratuite dans la mesure où ce sont ces deux PM qui ont conditionné l’augmentation du budget de fonctionnement l’UGB avec l’augmentation des effectifs. Pourquoi vouloir augmenter les effectifs à tout prix ? Du point de vue technique, UGB ne peux pas absorber une grande importante d’étudiants. Les salles de cours sont très petites. Il n’ y a que trois amphithéâtres (2 de 250 places et 1 de 500 places).
En avril 2008, Pr. Pape Guèye, (CT2 du Ministre Sourang) suggérait à l’UGB de demander une augmentation de son budget de 3milliards et augmenter ses effectifs de 3000 étudiants.   Au même moment son CT2 M. Adama DIOP exprimait son désaccord pour la Création de L’UFR des Sciences de l’Education, de la Formation et du Sport (SEFS), l’équivalent de la FASTEF où parfois des étudiants de l’UGB sont refusés pour des raisons fallacieuses. Or, c’est le ministre même qui avait encouragé la naissance de cette UFR lorsqu’il recevait les membres de la coordination des étudiants de Saint Louis « parce que la FASTEF ne peut pas former tous les enseignants que le Sénégal a besoin ».

Même le chef du gouvernement ne rate pas notre université à entendre ses propos : « L’UGB dit qu’elle fait de la qualité, elle ne peut pas faire autrement puisqu’elle prend peu. D’ailleurs Dakar aussi fait de la qualité. Moi, je préfère une université instable qui prend beaucoup d’étudiants à une université stable et de qualité qui prend peu d’étudiants ».

Ces propos du Pm montre à tel point les autorités sont « préoccupés » du devenir de la formation du citoyen modèle. C’est tout à fait explicable dans la mesure où leurs fils ne sont jamais inscrits ni dans ces universités instables qui prennent beaucoup d’étudiants, ni dans ces universités stables et de qualité qui prennent peu d’étudiants  

Aujourd’hui, l’Etat veux pousser l’UGB vers une UCAD version saint louisienne. Rien ne l’empêche. Car la plus haute autorité de l’Université est nommée à l’issu du Conseil des Ministres et non élue par les instances universitaires. Et en plus l’UGB est sous la tutelle d’un ministère qu’occupe Pr. Sourang, qui il faut le rappeler fut enseignant, puis Doyen enfin Recteur de l’UCAD.
Si on arrive à ce stade, l’étudiant de Sanar souffrira plus que celui de Dakar. Car du point de vue géographique l’UGB est loin de la ville (environ 15km) or l’UCAD est au centre de Dakar, la capitale. Donc les opportunités (logement, nourriture, prise en charge familiale) qu’un étudiant de Dakar, celui de Sanar ne le peut pas. Senghor, a éloigné celui-ci de la grande ville, source de distraction et de tentation pour qu’il n’ait qu’un seul souci : étudier.

Malgré toutes ces difficultés, l’UGB doit fermement dans une quête constante de performance et à garantir la stabilité social en se souciant plus du cadre de vie de l’étudiant et de son destin. Si le Social est mis au mis au service de l’Excellence (comme c’est le devise du Centre Régional des Œuvres Universitaires de Saint Louis, CROUS), l’Excellence pourrait être mise facilement au service du Développement. N’est ce pas le devise de l’UGB ?

BARAK OBAMA OU SYMBOLE DES ETAS UNIS

NB: Cet article a été écrit 4 jours avant les élections présidentielles des Etats Unis. Il a été publié dans quelques journaux sénégalais.




Comme il est de coutume dans les démocraties modernes, les Etats-Unis s’apprêtent à élire leur President ce 04 novembre 2008. Cette élection n’intéresse pas seulement les américains mais toute la planète. Car le président des Etats-Unis est de facto le Président du monde qu’il dirige selon ses humeurs.


La particularité de cette élection est sans doute liée à la candidature d’un noir américain à la magistrature suprême. Ce qui est incroyable ! Car dans l’histoire récente les noirs n’avaient même pas le droit au vote surtout dans les pays du Sud. On leur interdisait même d’entrer dans des restaurants, des écoles, des parcs ou même de s’assoire dans des bus où on n’hésitait pas à mentionner « for whites only » (pour les blancs seulement).

Comment expliquer aujourd’hui la candidature d’un noir américain dans ce pays qui a vu naître et se développer le Ku Klux Klan, qui a assassiné l’auteur de I have I dream ?
On pourrait tenter d’expliquer cela par deux facteurs : le temps mais surtout la personne même du candidat qui nous intéresse ici le plus.

Ce qui fait le charme des Etats-Unis, c’est surtout la diversité culturelle de sa population (les Blancs : 46% ; les Afro-américains :15%; Hispaniques ou latino-américains : 30% (contre 15%) ; les Asiatiques 9% (contre 5%) [Source : wikipédia]. Or, ce qui fait aussi le charme du candidat démocrate, c’est sa diversité culturelle et ethnique. Lui-même a fait sa propre présentation dans ce fameux discours prononcé à Philadelphie le 18 mars 2008 :

« Je suis le fils d'un noir du Kenya et d'une blanche du Kansas. J’ai été élevé par un grand-père qui a survécu à la Dépression et qui s'est engagé dans l'armée de Patton pendant la deuxième Guerre Mondiale, et une grand-mère blanche qui était ouvrière à la chaîne dans une usine de bombardiers quand son mari était en Europe.

J’ai fréquenté les meilleures écoles d'Amérique et vécu dans un des pays les plus pauvres du monde. J’ai épousé une noire américaine qui porte en elle le sang des esclaves et de leurs maîtres, un héritage que nous avons transmis à nos deux chères filles.

J’ai des frères, des sœurs, des nièces, des neveux des oncles et des cousins, de toute race et de toute teinte, dispersés sur trois continents, et tant que je serai en vie, je n'oublierai jamais que mon histoire est inconcevable dans aucun autre pays ».

Partagé entre trois continents, le candidat démocrate est le symbole même des Etats-Unis en ce début de ce XXI ième siècle. Et heureusement les américains sont conscients de ce fait. C’est qui explique leur sympathie envers Obama qui s’est matérialisé par sa victoire lors des primaires face à une ancienne première dame, H. Clinton.

L’accession d’Obama à la magistrature suprême participera sera doute sur le plan international, à pacifier les foyers de tensions que Georges W. Bush a alimenté au Moyen Orient et contribuera sans doute à une refondation des relations entre les Etats-Unis et le monde arabe d’une part, et les Etats-Unis et l’Afrique, d’autre part. Et sur le plan interne, avec Obama Président, chaque américain va s’identifier à lui quelque soit son origine. Et cela va donner plus de garantie et d’espoirs aux minorités qui aucun obstacle pour vivre l’american dream.


Voter Obama est à mon avis le seul moyen que les américains puissent utiliser pour s’excuser de tous les maux (esclavage, ségrégation, discrimination, …) infligé aux minorités, aux noirs surtout. Maintenant la question est de savoir si les américains vont accepter le changement.