Friday, November 14, 2008

UGB: VA-T-ON VERS UNE UCAD SAINT LOUISIENNE ?


Au Sénégal, étudier à l’Université Gaston Berger (UGB) n’est pas simplement une question de choix, mais c’est plus une question d’Excellence. « N’y vient pas qui veut » a-t-on l’habitude de dire. Cela se justifie par le fait cette jeune université qui va célébrer bientôt ses vingt ans (en 2010) «  n’es pas une université de formation de masse mais plutôt d’élites » selon son actuel Recteur, le Pr. Mary Teuw NIANE en marge de la présentation de son projet aux étudiants. Cette idée est expressément énoncée dans le texte portant organisation de l’UGB qui «  s’est résolument inscrite dans l’excellence en choisissant la sélection comme mode principal d’accès ». Ce qui fait qu’elle ne prenne qu’un nombre d’étudiants assez raisonnable qui sera « bien logé, bien nourri et bien formé ». D’ailleurs même dans la rue, quand vous dites que vous êtes étudiant à l’UGB, votre interlocuteur qui parfois n’a même pas fait les bancs vous répond spontanément « là bas c’est bien contrairement à Dakar ». Cela est tout a fait normal dans la mesure où c’est cette image de l’UGB qui a été véhiculée par nos aînés et qui était parfaitement vraie. L’UGB fut toujours le contraire de l’UCAD tant du point de vue des politiques pédagogiques que sociales.
Cependant, aujourd’hui les étudiants de cette université rencontrent d’énormes difficultés.


DES PROBLEMES SOCIAUX…..

Les étudiants sanarois depuis maintenant quatre ans (2004) rencontrent toute sorte de problèmes sociaux qu’ils connaissaient que de nom. C’est depuis cette date que le problème de logement à commencer à se poser. L’orientation et l’obtention de chambre allaient de pairs jadis. Mais maintenant, parfois, il y’a des étudiants qui passent trois ans sans avoir leur clefs en mains. Et cela se justifie par le simple fait qu’il y’a trop d’étudiants orientés, alors que rien n’est pas fait pour augmenter les villages universitaires. Pour une université qui compte 5000 étudiants, il n’y a que 3043 lits (2097 pour les garçons et 946 pour les filles). Donc les anciens sont obligés d’héberger les nouveaux dans des conditions parfois difficiles. L’Etat, comme il est de coutume, n’a pas respecté son engagement vis-à-vis des sanarois. Depuis 2005, il peine à achever le bloc B pavillon M. Il s’y ajoute le problème de l’eau.

Cependant, le plus grand malaise social, c’est le problème de restauration. En ce début d’année, l’UGB n’a qu’un restaurent qui fonctionne. Ce qui a pour conséquences, des rangs interminables. Pour manger il faut perdre deux heures de temps sans compter le manque de qualité et de quantité des repas. Manger est devenu un luxe qu’on paye par le temps. Cette situation est indescriptible. A voir les rangs, on a comme l’impression d’être au Darfour ou en Somalie !
Ainsi, l’Etudiant qui revient au resto épuisé, est dans l’incapacité de travailler sérieusement sur ses cours et faire ses exercices. Ce qui lui porte un grand préjudice.
C’est là où le social a lien avec le pédagogique.


…AUX PROBLEMES PEDAGOGIQUES

L’UGB a été toujours (elle la demeure) une université d’Excellence (taux de réussite satisfaisant, un succès incomparables dans les prestigieux concours nationaux, intégration de ses produits dans des écoles et des laboratoires de recherche prestigieux) qui fait rêver tout jeune lycéen. Son avènement fut une résurrection pour l’enseignement public supérieur.

Cependant, la détérioration des conditions sociales risque de tout chambouler. En outre, même dans les Unités de Recherches et de Formation (UFR), la qualité commencer à faire défaut. L’UGB à une carence de professeurs agrégés, de rang magistral habilités à dispenser des cours. C’est pourquoi la majorité des cours sont dispensée par des docteurs ou même des doctorants en violation des textes. La réforme Licence Master Doctorat (LMD traduit par d’autres par Leegi ma Dax La) entamée à l’UFR Lettres et Sciences Humaines (LSH) a causé beaucoup de préjudices aux étudiants. Elle a entraîné la fin de carrière pour beaucoup d’entre eux. Les masters Professionnels qui sont mis en place sont très intéressants mais ils sont « privatisés ».
La bibliothèque universitaire certes regorgeant beaucoup de documents n’a pas encore commencé à fonctionner. Or, les cours ont démarré depuis le 20 octobre. S’y ajoute le manque de places. Les travaux d’agrandissement sont toujours en cours. Une situation qui va sans doute se répercuter au niveau des premiers devoirs.

A côtés de cela, il y’a les mouvements sociaux. Les différents acteurs rivalisent dans les grèves. L’UGB est devenue très instable. Les enseignants, les enseignés, le personnel administratif, tous réclament quelque chose de l’Etat. « L’Université ne doit rien à personne » avait clamé haut et fort le Recteur lors de sa conférence de presse du 07 novembre dernier.

Tous ces problèmes ont été favorisés par ce qu’on peut appeler un complot fomenté contre l’UGB par les plus hautes autorités de l’Etat. « Les ennemis de l’UGB sont Macky Sall, Adjibou Soumaré (les deux derniers PM) et Sourang » accuse un étudiant lors de l’assemblée générale du 13 novembre. Une accusation pas du tout gratuite dans la mesure où ce sont ces deux PM qui ont conditionné l’augmentation du budget de fonctionnement l’UGB avec l’augmentation des effectifs. Pourquoi vouloir augmenter les effectifs à tout prix ? Du point de vue technique, UGB ne peux pas absorber une grande importante d’étudiants. Les salles de cours sont très petites. Il n’ y a que trois amphithéâtres (2 de 250 places et 1 de 500 places).
En avril 2008, Pr. Pape Guèye, (CT2 du Ministre Sourang) suggérait à l’UGB de demander une augmentation de son budget de 3milliards et augmenter ses effectifs de 3000 étudiants.   Au même moment son CT2 M. Adama DIOP exprimait son désaccord pour la Création de L’UFR des Sciences de l’Education, de la Formation et du Sport (SEFS), l’équivalent de la FASTEF où parfois des étudiants de l’UGB sont refusés pour des raisons fallacieuses. Or, c’est le ministre même qui avait encouragé la naissance de cette UFR lorsqu’il recevait les membres de la coordination des étudiants de Saint Louis « parce que la FASTEF ne peut pas former tous les enseignants que le Sénégal a besoin ».

Même le chef du gouvernement ne rate pas notre université à entendre ses propos : « L’UGB dit qu’elle fait de la qualité, elle ne peut pas faire autrement puisqu’elle prend peu. D’ailleurs Dakar aussi fait de la qualité. Moi, je préfère une université instable qui prend beaucoup d’étudiants à une université stable et de qualité qui prend peu d’étudiants ».

Ces propos du Pm montre à tel point les autorités sont « préoccupés » du devenir de la formation du citoyen modèle. C’est tout à fait explicable dans la mesure où leurs fils ne sont jamais inscrits ni dans ces universités instables qui prennent beaucoup d’étudiants, ni dans ces universités stables et de qualité qui prennent peu d’étudiants  

Aujourd’hui, l’Etat veux pousser l’UGB vers une UCAD version saint louisienne. Rien ne l’empêche. Car la plus haute autorité de l’Université est nommée à l’issu du Conseil des Ministres et non élue par les instances universitaires. Et en plus l’UGB est sous la tutelle d’un ministère qu’occupe Pr. Sourang, qui il faut le rappeler fut enseignant, puis Doyen enfin Recteur de l’UCAD.
Si on arrive à ce stade, l’étudiant de Sanar souffrira plus que celui de Dakar. Car du point de vue géographique l’UGB est loin de la ville (environ 15km) or l’UCAD est au centre de Dakar, la capitale. Donc les opportunités (logement, nourriture, prise en charge familiale) qu’un étudiant de Dakar, celui de Sanar ne le peut pas. Senghor, a éloigné celui-ci de la grande ville, source de distraction et de tentation pour qu’il n’ait qu’un seul souci : étudier.

Malgré toutes ces difficultés, l’UGB doit fermement dans une quête constante de performance et à garantir la stabilité social en se souciant plus du cadre de vie de l’étudiant et de son destin. Si le Social est mis au mis au service de l’Excellence (comme c’est le devise du Centre Régional des Œuvres Universitaires de Saint Louis, CROUS), l’Excellence pourrait être mise facilement au service du Développement. N’est ce pas le devise de l’UGB ?

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